Tableaux

Nous avons réparti les œuvres peintes restantes en quatre décennies pour mieux suivre l’évolution du style et des influences au fil du temps.

 

"Le crayon se plie aux exigences de la pensée disait Albert Rouiller, il devient complice et me permet en un seul trait de donner concrètement sur la surface du papier l'image que j'ai gravée là."

 

Les dessins d'Albert Rouiller sont des volumes affirmés, massivement présents, remplissant souvent tout l'espace de la feuille blanche de leurs articulations puissantes, modelées presque en ronde-bosse, crédibles illusions... 

Ces lignes, dessinées, gravées, peuvent aussi tout à coup s ́égrener en légèreté. Le sculptural est atténué au profit du jeu avec l'aérien. Nous retrouvons, cette fois bidimensionnel, le discours du vide et du plein.

Certains dessins, par leurs détails agrandis, basculent dans une dimension presque surréaliste, sinon fantastique: les articulations cèdent le pas aux rouages, à ce qui est machinisme pur, pour traduire plus encore l'articulé dans sa précision, son usinage des pièces: la grande mécanique subtile et superbe du cosmos.

Dessins et gravures apparaissent comme les gros plans de détails des futures sculptures.

L'aspect féerique va revêtir au fil des ans une importance de plus en plus frappante. C'est ainsi que dès 1980 s'introduit la couleur dans les dessins, couleurs vives, roses, bruns mordorés, lilas.... tonalités tendres, soyeuses, voluptueuses, rêveuses. Ce sont alors des compositions davantage linéaires, où le volume est allusivement suggéré, où les lignes courbes à souhait s'entrelacent, se mêlent, s'opposent, et les surfaces «s'effeuillent».

Albert Rouiller affine en deux dimensions ce qu'il poursuit en sculpture: l'ambivalence, les dialogues binaires, la fusion des contraires.

Il y a dans les dessins en couleurs les plus récents une dimension onirique fondamentalement symbolique; ils sont le chemin d'un rêve qui se concrétisera par la sculpture. C'est dire que ce dessin est devenu indissociable de la sculpture. L'une ne va plus sans l'autre. 

Dessiner est ici une manière de donner une réalité à la poétique de la forme qui est en Albert Rouiller. 

Sylvio Acatos

 

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